Quand une recruteuse se livre avec les Joies du Recruteur !
Quand une recruteuse écrit un livre sur le recrutement, je ne peux qu’applaudir ! Et en plus Shirley, l’a fait avec ses tripes et je peux vous dire que c’est passionnant.
J’ai donc proposé à Shirley d’écrire un article sur le lancement de son livre car je partage et je trouve nos échanges sur le recrutement passionnants. Shirley aime le recrutement et le recrutement le lui rend bien.
J’ai l’occasion de partager régulièrement ses idées sur Twitter, LinkedIn ou ailleurs. J’ai notamment adoré son résumé LinkedIn écrit en langage technique avec une vraie prose ou ses idées de réponse à un dév qui interpellait les recruteurs sur leur manque de professionnalisme.
Shirley porte ce que j’adore, elle s’implique au quotidien pour un métier qu’elle aime. Merci Shirley pour faire avancer à ta façon ce métier.
J’ai aussi découvert avec nos échanges que Shirley était derrière le compte Twitter qui me fait hurler de rire, « Les Joies du Recruteur » et qui diffuse des perles en permanence. Abonnez-vous vite !!
Pour info, si vous souhaitez recevoir le livre de Shirley, vous allez ici ! (il y a une version livre et une version PDF)
(je n’ai aucune action dans le livre ou quoi que se soit, je soutiens les beaux projets !)
Je laisse donc la parole à Shirley qui vous explique pourquoi elle a fait ce projet et la genèse de son livre.
Laurent
Il est difficile d’écrire un article expliquant les raisons pour lesquelles j’ai écrit ce livre en sachant que mon livre se conclut par “je me demande pourquoi j’ai écrit ce livre”.
Je vais cependant trouver quelques éléments de réponse. Il est clair que j’étais dans une période où j’avais du temps mais j’avais surtout des choses à dire.
Certains chapitres datent d’il y a plus de deux ans. En reprenant l’écriture du livre je craignais que mes propos ne soient plus d’actualité. Puis, finalement, rien n’avait vraiment changé (excepté l’école de formation des recruteurs lancée par Link Humans que j’aurais citée avec plaisir).
Donc je me suis dit qu’il fallait conclure et comme dirait notre ami Jean-Claude Dus :”oublie que t’as aucune chance, vas-y fonce ! On sait jamais, sur un malentendu ça peut marcher“
Pour revenir sur la question du pourquoi, il y a plusieurs choses :
- J’avais envie de montrer les coulisses du recrutement que beaucoup de personnes ignorent, aussi bien les candidats mais toutes ces personnes qui souhaitent se lancer dans le recrutement et plus précisément dans le recrutement informatique. Il y a toujours de nobles intentions de faire ce métier. J’en avais aussi et j’en ai toujours. Toutefois, j’aurais aimé être prévenue sur de nombreuses choses : les faibles salaires, le manque de considération donnée à ce métier, sa difficile compatibilité avec une vie de famille, la culture business très forte, la déshumanisation parfois, le sexisme ordinaire…Les mentalités changent bien heureusement.
- Cependant, cette réalité est encore bien présente dans les entreprises. Par ailleurs, beaucoup de candidats se plaignent des recruteurs pour des raisons qui sont légitimes. Moi-même je m’en suis plainte et je m’en plains encore aujourd’hui. J’avais donc envie de leur dire qu’un recruteur ne nait pas recruteur. Il est aussi passé par la case candidat et il continue à passer par cette case (le turnover est très fort dans ce milieu). Je souhaitais aussi expliquer avec mes mots que ce qu’ils critiquent de l’extérieur n’est ni plus ni moins le miroir de ce qui s’y passe à l’intérieur. Je pense aussi que ce j’évoque est loin d’être la réalité exclusive du monde du recrutement. C’est tout simplement la réalité du monde professionnel. Ce livre parlera aussi bien aux recruteurs qu’aux candidats, aux femmes, aux cadres, et aux jeunes diplômés.
- De façon un peu égoïste, j’avais aussi envie de parler de mon expérience, mon ressenti en étant un peu l’ambassadrice, la porte-parole de nombreux recruteurs et recruteuses qui sont passés par des situations similaires. Je voulais mettre en lumière ce qu’un recruteur vit au quotidien et ce depuis presque 10 ans avec des choses qui ont changé mais bien malheureusement des choses affligeantes qui restent inchangées. Bien que mes anecdotes n’aient rien d’exceptionnel, j’avais à coeur de les rendre exceptionnelles en utilisant un format différent, un livre (ça change des videos Youtube) mais aussi et surtout en mettant des mots dessus, en brisant le silence. Je me suis longuement demandée si j’allais avoir des problèmes en publiant ce livre. J’ai beaucoup hésité.
- Au début je n’avais pas une plume dans les mains mais des pincettes. Je n’arrêtais pas de reformuler pour que “ça passe” puis je me suis dit quelle utilité de publier un livre qui ne dit pas vraiment les choses. J’ai tout mis à la poubelle et je suis repartie sur une feuille blanche. Ce qui m’a valu le refus de certaines maisons d’édition RH jugeant mes propos trop vulgaires. Ils m’ont adressé une liste longue comme le bras de reformulations. J’ai refusé. C’est aussi ça s’accepter et assumer ce que l’on dit. Bien évidemment, j’ai eu la délicatesse de ne citer personne. Ce n’est pas un livre dans le but de régler mes comptes.
Le but est de parler de cet univers du recrutement avec ses failles, ses forces et surtout comment on peut en prendre conscience, l’améliorer et susciter (sans prétention) une forme de conscience de classe.
- Nous n’avons pas seulement le pouvoir de faire changer les choses. Nous avons le devoir de le faire. Sinon d’autres le feront à notre place et le feront certainement en pire.
- Ce livre est avant tout optimisme. Beaucoup de maisons d’édition ont trouvé que le titre n’était pas en phase avec le contenu d’autant plus que mon faux compte twitter (@JoieDuRecruteur ) était bien plus humoristique #toimemetusais. Il est clair que ce que j’y raconte n’est pas toujours drôle. Etre positif et optimiste ça ne se matérialise pas toujours par des formules humoristiques et des jeux de mots. Ça se traduit aussi par cette capacité à prendre conscience d’une situation, à le dire en totale liberté et à en tirer des enseignements personnels et collectifs. En bref, une profession qui ose mettre sur la table ce qui ne va pas est une profession en bonne santé.
Et le jour où nous arrêterons de critiquer les recruteurs, où les recruteurs eux-mêmes arrêteront de critiquer les recruteurs, cela signifiera peut-être que notre métier est mort….
- C’est aussi un livre optimiste pour les candidats, pour tous ceux qui galèrent à trouver un job, tous ceux qui ont débuté avec un prêt bancaire sur le dos et qui partent sans coup de pouce ni piston. Si on faisait un article : “candidats de la crise, que sont-ils devenus ?”, on se rendrait compte qu’il y a de beaux parcours et des personnalités qui ont réussi à tirer leur épingle du jeu. C’est aussi ça que j’ai voulu mettre en lumière.
- Enfin, en réalisant une forme de “buzz”, je me disais que c’était une bonne façon de fédérer, de trouver des alliés pour mener à bien certaines de mes idées d’amélioration dans le monde du recrutement comme mon concept d’agent de carrière ou encore l’émergence d’une clinique RH, une entité RH “neutre” proposant un brassage de compétences (marketing, réseautage, coaching, communication, psychologie) et dans laquelle chacun peut apporter sa parcelle d’humanité à ceux qui en ont le plus besoin.
Le nombre de fois où j’ai entendu cette phrase : “tu es bien mignonne mais ici on ne fait pas du social”, car le client n’a pas payé pour ça, est incalculable.
- Je pense que la communauté des recruteurs est une magnifique communauté qui, bien qu’elle soit souvent décriée, porte en son sein de belles personnes, profondément humaines et bienveillantes; Des personnes qui ont envie d’aider et d’accompagner les candidats dans leur réflexion et leur changement professionnel. Notre passion a été pervertie par un environnement de travail qui place l’argument financier au coeur de notre métier. Je pense que nous valons mieux que ça.
Mon prochain livre ? Bien il commencera par “on s’était donné rendez-vous dans dix ans” et j’y parlerai peut-être des joies de la robotisation, de l’intelligence artificielle et autres solutions qui nous aideront, je l’espère, à conserver notre métier et surtout notre humanité.
Shirley Almosni Chiche